La rougeole n’est pas une maladie aussi bénigne que certains voudraient bien le croire. Chaque année, des milliers d’enfants sont emportés par ce fléau. En France, des épidémies seraient sur le point de ressurgir. Pour se protéger, une seule solution : la vaccination.

Une épidémie en France

Êtes-vous immunisé contre la rougeole ? C’est la question à laquelle il faut répondre aujourd’hui alors que l’épidémie qui a débuté à la fin de l’année 2017 en Nouvelle-Aquitaine prend de l’ampleur. Selon l’Agence régionale de santé (ARS), sur les 283 cas recensés en France depuis novembre, 269 (jusqu’au 13 février) concernent la région, en majorité la Vienne et la Gironde. Le département affiche en effet plus de 200 cas. L’épidémie inquiète les autorités, surtout depuis qu’une femme de 32 ans est décédée au CHU de Poitiers il y a quelques jours.

13% des hommes âgés de 26 à 32 ans en 2013 non vaccinés contre la rougeole

Ce drame met en lumière le cas particulier des adultes de 20 à 40 ans. Une tranche d’âge où la proportion de non-immunisés est plus importante que dans la population générale et chez qui une infection est plus à risque de complication. Pour mémoire, le caractère extrêmement contagieux de la rougeole nécessite une couverture vaccinale d’environ 95 % pour empêcher la circulation du virus dans la population (principe de l’immunité de groupe). L’autre spécificité des 20-40 ans est que, chez eux, la sévérité et les complications d’une rougeole sont statistiquement plus importantes que chez l’enfant de plus de un an. C’est la même situation que pour la varicelle qui reste considérée comme bénigne chez l’enfant, mais potentiellement grave chez l’adulte.

La rougeole, qu’est-ce que c’est ?

La rougeole est la fièvre éruptive qui atteint le plus grand nombre d’enfants dans le monde. Ses complications, rares dans les pays occidentaux, sont fréquentes dans le tiers monde et sont responsables d’une très lourde mortalité.

Les symptômes de la rougeole

La maladie s’observe habituellement à l’âge préscolaire. L’incubation est d’environ 10 jours après la contagion. L’invasion dure 4 jours avec fièvre élevée, conjonctivite, oedème des paupières, yeux bouffis, écoulement nasal, toux, diarrhée, douleurs abdominales, anorexie, vomissements etc. L’enfant est très grognon, pleure pour un rien.

Le signe de Köplik permet le diagnostic à ce stade. Il consiste en un semis de petites taches blanches, grosses comme une tête d’épingle, sur une muqueuse rouge à la face interne des joues en regard des prémolaires. Trois ou quatre jours plus tard, le signe de Köplik disparaît pour être remplacé par l’éruption.

L’éruption rougeoleuse est typique : petites plaques rouges plus ou moins en relief (maculo-papules) de quelques millimètres de diamètre qui confluent en larges plages mais laissant toujours entre elles des intervalles de peau saine. Certains éléments cutanés peuvent être couleur sang (purpuriques par baisse du taux de plaquettes ou thrombopénie). L’éruption débute sur le visage derrière les oreilles et s’étend progressivement. Au 2 e jour, elle atteint tout le visage, le cou, la partie supérieure du thorax. Le 3 e jour, le tronc et les membres supérieurs sont atteints. Les membres inférieurs sont touchés le 4 ejour.

Au cours de cette phase éruptive, la fièvre reste élevée, la toux et le « catarrhe oculo-oto-naso-pharyngo-laryngo-intestinal » persiste (= écoulement oculaire, otite, rhinite, angine, laryngite, diarrhée). L’enfant est très fatigué.

Lorsque l’éruption s’efface, elle fait place à une desquamation fine visible quelques jours. La fièvre disparaît sauf en cas de complications. La convalescence s’étend sur une dizaine de jours, l’enfant restant fatigué.

Les complications de la rougeole

Elles font toute la gravité de la maladie.

  • O.R.L. fréquentes : otites et laryngites ;
  • Bronchites, pneumopathies ;
  • Rougeole pulmonaire maligne, pouvant entraîner une détresse respiratoire et parfois la mort ;
  • Pneumopathie séquellaire ;
  • Staphylococcies pulmonaires ;
  • Broncho- pneumopathie bactérienne ;
  • Encéphalite aiguë morbilleuse (1 cas sur 1 000 rougeoles) ;
  • Panencéphalite sclérosante subaiguë de Von Bogaert .

LA MÉNINGO-ENCÉPHALITE DE ROUGEOLE

Elle guérit sans séquelle dans 60 % des cas. Les autres enfants vont décéder ou survivre au prix de séquelles neuropsychiques sévères.

Elle est imprévisible et sans rapport avec la gravité de la rougeole. Le plus souvent, son début se situe entre le 3 e et le 7 e jour de l’éruption. Le début est brutal par de la fièvre et des troubles neurologiques divers : convulsions, troubles de la conscience (obnubilation ou coma), troubles neurovégétatifs, troubles psychiques (prostration, indifférence, agitation, hostilité, délire etc.), troubles neurologiques focalisés ( paralysie faciale, ophtalmoplégie, hémiplégie, aphasie etc.), troubles extra-pyramidaux ( hypertonie, tremblements etc.), troubles de l’équilibre (ataxie, nystagmus etc.). Une méningite lymphocytaire est associée. L’E.E.G. est perturbé et montre des ondes lentes de souffrance cérébrale.

L’évolution est très variable. La mortalité dans les 10 premiers jours est de 10 à 15 %. Les séquelles sont observées dans un tiers des cas : troubles caractériels, retard mental, paralysie, comitialité, troubles de l’équilibre, énurésie, puberté précoce etc…

LA PANENCÉPHALITE SUB-AIGUË SCLÉROSANTE DE DAWSON OU DE VAN BOGAERT (S.S.P.E.)

C’est une complication tardive de la rougeole, survenant en moyenne 7 ans après celle-ci, et toujours mortelle en 1 à 2 ans.

Cette maladie est caractérisée par une très longue période d’incubation (plusieurs années) et la persistance du virus chez l’enfant durant la maladie clinique apparente. Elle touche l’enfant entre 5 et 12 ans et sa fréquence est de l’ordre de 1/1 000 000. Elle survient plus souvent chez le garçon que chez la fille et dans 85 % des cas, ceux-ci habitent dans les zones rurales. Dans 50 % des cas, les enfants ont eu la rougeole avant l’âge de 2 ans.

LE TRAITEMENT PRÉVENTIF

  • La séroprévention par immunoglobulines humaines utilisées dans les 48 heures suivant le contage ;
  • Et surtout, le vaccin contre la rougeole (vérification et mise à jour avec 2 doses de vaccin pour les moins de 12 mois et nés après 1980).

Le ROR est recommandé chez tous les enfants : première injection à 12 mois et rappel à 18 mois (recommandations officielles 2018).

Le vaccin peut entraîner une réaction clinique bénigne environ 8 jours après le vaccin : fièvre à 38°, éruption cutanée…

Document INSERM sur la rougeole

SOURCES : INSERM, INPES